FAO : de nouveaux défis après 75 ans d’histoire

Une guerre cruelle. Elle a été l’étincelle qui a déclenché la création d’une entité capable d’atténuer ses conséquences. La FAO a lutté contre la famine d’après-guerre. Et elle en est sortie victorieuse. Depuis sa création, l’Organisation a fait de grands progrès dans la réduction de la faim et de la pauvreté et dans l’amélioration de la sécurité alimentaire et la nutrition. Le 16 Octobre, nous célébrons les 75 ans depuis sa fondation et le fait qu’après de grandes réalisations, elle continue de sauver des vies. Aujourd’hui, elle est confrontée à un scénario différent de celui de ses débuts. Mais tout aussi difficile.
Comment le monde a-t-il changé au cours de ces 75 années ?
La faim n’est plus la pire des adversités auxquelles l’Organisation – et nous tous – devons faire face. Au cours du dernier siècle, d’énormes progrès ont été réalisés dans l’amélioration du bien-être des personnes dans le monde. Les communautés ont connu un changement historique dû au développement technologique et aux innovations dans les systèmes de production. Les améliorations des récoltes qui ont conduit à ces progrès ont contribué à une utilisation plus efficace des ressources et à une plus grande sécurité alimentaire. Grâce aux progrès technologiques, il a été possible de réduire la marge des personnes souffrant de la faim dans le monde et d’apporter de la nourriture saine à un plus grand nombre de familles.
Cependant, des préoccupations majeures demeurent. Plus de 820 millions de personnes souffrent de la faim, et plus de deux milliards souffrent de carences en micronutriments ou sont suralimentées. Les grandes villes se développent. Et ne cessent de croître. Des solutions à long terme doivent être trouvées pour assurer un équilibre entre le monde urbain et le monde rural et pour garantir des aliments frais, sains et produits de manière durable pour tous. L’une des initiatives promues par la FAO est la Green Cities Initiative, qui souligne le rôle essentiel des villes dans la formulation urgente de mesures innovantes, vastes et coordonnées.
En outre, il existe un troisième problème qui menace la durabilité des systèmes alimentaires dans le monde entier : l’impact environnemental. Une mauvaise utilisation des ressources naturelles, l’augmentation des émissions de gaz à effet de serre et la pollution environnementale pourraient mettre en péril la sécurité alimentaire mondiale d’une population croissante.
La FAO doit maintenant se pencher sur les incertitudes que nous percevons tous : est-il possible que les systèmes agricoles actuels répondent à la demande d’une population en croissance exponentielle ? Pouvons-nous augmenter la production alimentaire sans que ces progrès ne se fassent au détriment de l’environnement ?
La FAO au 21e siècle : plus transparente, plus inclusive et plus innovante
Depuis sa création en 1945, la FAO a travaillé avec les gouvernements pour résoudre les problèmes urgents liés à la faim et à la malnutrition dans le monde. Au fil des ans, l’Organisation a commencé à adopter une vision à long terme pour lutter contre la faim. En effet : apporter de la nourriture aux personnes représente une aide immense, mais ce n’est pas suffisant. Relever le défi ambitieux de réduire la faim dans le monde nécessitait des solutions structurelles : une augmentation globale des investissements dans l’agriculture et le savoir-faire technique, ainsi que la garantie pour les agriculteurs d’un accès à la technologie, aux conseils, à un soutien et une assistance technique pour améliorer leurs cultures. Et la FAO a mobilisé toute son énergie pour les aider.
Au début du 21e siècle, et dans un contexte caractérisé par l’instabilité, l’interdépendance et des changements constants, la FAO a décidé d’analyser, de remettre en question et de reformuler sa façon d’agir pour être plus efficace, plus agile et plus flexible. C’est ainsi que le nouveau cadre stratégique a vu le jour en 2012. Ce dernier intègre des concepts tels que la durabilité et la résilience, sans oublier les origines de l’organisation. À partir de ce moment, l’activité de la FAO serait fondée sur cinq objectifs stratégiques : aider à éliminer la faim, l’insécurité alimentaire et la malnutrition ; rendre l’agriculture, la sylviculture et la pêche plus productives et durables ; réduire la pauvreté rurale ; favoriser des systèmes agricoles et alimentaires inclusifs et efficaces ; accroître la résilience des moyens de subsistance face aux menaces et aux crises.
Le Directeur général de la FAO, M. Qu Duygu a souligné que les changements que l’Organisation a subis depuis son mandat ont été mis en œuvre dans le but d’éradiquer la faim et d’améliorer la qualité de vie des personnes « à travers quatre améliorations : Améliorer la production, Améliorer la nutrition et Améliorer l’environnement pour une vie meilleure ; tout en travaillant à l’Agenda 2030 pour objectifs de développement durable. »
Un rôle clé dans le cadre des Objectifs de Développement Durable (ODD)
En 2015, les dirigeants mondiaux ont établi l’Agenda 2030 : un ensemble d’objectifs mondiaux visant à éradiquer la pauvreté, à protéger la planète et à assurer la prospérité pour tous. Chacun des 17 objectifs de développement durable posés par l’ONU comporte des buts spécifiques à atteindre au cours des dix prochaines années, grâce à un travail commun entre les gouvernements, le secteur privé, la société civile et les citoyens. L’objectif principal de ces objectifs sera d’éradiquer – et non de réduire – la pauvreté et la faim, ainsi que d’améliorer la nutrition.
Dans le cadre de ce défi mondial, la FAO joue un rôle clé. Tout d’abord, elle s’engage à protéger les 21 indicateurs des ODD et à être l’organisme collaborateur de cinq autres, couvrant plus de 10 % de l’ensemble du cadre mondial des indicateurs des ODD. Son rôle est fondamental parce que le succès des Objectifs de Développement Durable repose, dans une large mesure, sur une surveillance, un examen et un suivi efficaces des processus. Une tâche qui convient très bien à la FAO, compte tenu de sa vaste expérience dans la création et le partage d’informations essentielles sur l’alimentation, l’agriculture et les ressources naturelles sous forme de biens publics mondiaux, et de ses capacités à recueillir et à diffuser cette connaissance dans le monde entier.
À cet égard, la FAO s’est engagée à recueillir des données auprès de sources nationales, régionales et mondiales, à les valider et à les affiner pour les mettre à la disposition des chercheurs en vue de leur utilisation dans des rapports internationaux. De cette manière, l’organisme de l’après-guerre favorise la formation d’alliances avec d’autres entités capables de contrôler les indicateurs et de participer aux processus de suivi et de révision du Forum Politique de Haut Niveau.
En outre, l’Organisation joue également un rôle actif en aidant les gouvernements à concevoir des politiques, des programmes et des cadres juridiques visant à promouvoir la sécurité alimentaire et la nutrition. Cela est particulièrement vrai dans les pays qui recherchent des financements publics et privés pour leur développement agricole et rural. (Cliquez ici pour en savoir plus sur le rôle de la FAO dans la réussite des Objectifs).
75 ans d’histoire de la FAO se sont déjà écoulés, et avec eux de grandes réalisations ont été réalisées. Les directeurs généraux qui se sont succédés nous ont laissé leur héritage et des milliers de professionnels ont, durant cette période, donné le meilleur de leur travail pour atteindre les objectifs pour lesquels l’Organisation est née. Merci à eux tous.