Le CEMAS (Centre Mondial de València pour une Alimentation Urbaine Durable) présente un rapport, rédigé par les médecins et spécialistes de la nutrition, Florence Egal et Elliot M. Berry, comme une brève réflexion sur les effets de la pandémie COVID 19 en matière de sécurité alimentaire et les conséquences de cette perturbation sur les systèmes alimentaires de la région méditerranéenne.
Bien que le scénario soit changeant et imprévisible d’une semaine à l’autre, puisque de nombreux éléments liés à la maladie sont encore inconnus et que nous assistons à une expérimentation continue sur de nombreux aspects, le CEMAS considère que la divulgation d’une première approche réflexive sur le sujet est pertinente. Les comptes rendus plus denses à propos de cette pandémie mondiale ayant des implications locales et ses effets sur les systèmes alimentaires urbains, la santé et la sécurité alimentaire mondiale seront élaborés plus tard.
En fait, comme le suggère le texte, le CEMAS va effectuer une tâche de collecte et de catalogage afin d’archiver et de diffuser les diverses actions des administrations locales, la société civile et le secteur privé, visant à améliorer la résilience et la durabilité des systèmes alimentaires urbains, en particulier dans la zone méditerranéenne pendant la pandémie, afin de pouvoir identifier les initiatives exemplaires et les bonnes pratiques.
L’étude part du principe que, dans la situation actuelle, il est nécessaire d’accélérer la mise en œuvre de stratégies visant à instaurer des systèmes alimentaires plus sains et plus durables, comme l’a exprimé la deuxième conférence mondiale sur la Revitalisation de la diète méditerranéenne qui s’est tenue à Palerme, en Italie, au printemps 2019.
Elle examine ensuite différentes questions liées au problème majeur de sécurité alimentaire que connaît la région méditerranéenne, l’un des épicentres mondiaux de la pandémie: de la réduction du commerce international des denrées alimentaires, qui menace certains pays de la Méditerranée orientale très sensibles aux restrictions à l’importation, à l’inquiétude générale suscitée par le déclin du tourisme, dont les secteurs productifs emploient une grande partie de la population, en passant par l’impact des «réfugiés de la santé» dans les zones rurales, les difficultés de l’exploitation intensive, de l’élevage ou des petits agriculteurs. Des questions susceptibles de générer une augmentation des inégalités sociales.
Elle expose ensuite certaines des innovations dans les modèles de comportement qui se développent dans plusieurs secteurs liés à l’alimentation, l’importance des autorités locales et les initiatives de solidarité pour aider les personnes les plus vulnérables qui s’organisent dans de nombreuses villes de la région méditerranéenne face à la crise alimentaire.
En définitive, nous sommes face à une première approche indicative qui, nous l’espérons, pourra éveiller l’intérêt des chercheurs ou des décideurs, et ouvrir la voie à de nouvelles approches qui amélioreront la résilience et la durabilité des systèmes alimentaires dans les villes du monde entier dans la période post-crise.
Comme Florence Egal l’a expliqué au CEMAS, l’objectif de ce document est double: «D’une part, nous voulons partager certaines réflexions, non seulement avec les spécialistes de la question, mais aussi avec les hommes politiques et la population en général, et peut-être éveiller l’intérêt pour des questions qui n’ont pas été prises en compte jusqu’à présent. D’autre part, nous voulons identifier certaines solutions, qui devront être étudiées le plus tôt possible, si nous voulons réellement générer plus de résilience et de durabilité dans les systèmes alimentaires autour des villes».

Florence Egal a travaillé avec la FAO sur la sécurité alimentaire, la nutrition et les moyens de subsistance jusqu’à ce qu’elle prenne sa retraite en tant que cadre supérieur en 2013; elle a également lancé le programme «Food for Cities» il y a une quinzaine d’années. Elle a travaillé en étroite collaboration avec le Comité permanent des Nations Unies sur la nutrition et a participé activement au Cercle d’étude sur le changement climatique, dont le siège se trouve à Rome. Elle est impliquée dans plusieurs réseaux tels que le Dgroup Food for Cities et l’e-group sur la nutrition et le changement climatique. Elle a soutenu la municipalité de Milan dans l’élaboration du pacte de politique urbaine qui a été signé en 2015.

Elliot M. Berry est professeur à l’université hébraïque de Jérusalem et concentre ses recherches sur le sociotype et la gestion des maladies chroniques, notamment en ce qui concerne la régulation du poids. Il a été chercheur invité aux universités Rockefeller, MIT, Cambridge et Yale. Ancien directeur de l’école de santé publique de Braun, département de la nutrition humaine et chef du centre de renforcement des capacités de l’OMS. En outre, il a été co-rédacteur en chef de l’Encyclopaedia on Food Security and Sustainability (Encyclopédie sur la sécurité alimentaire et la durabilité) (Elsevier) et est actuellement rédacteur en chef de Nutrition and Environmental Sustainability.